Château de Marcoux,

la renaissance.

 

Le château de Marcoux, sépia de Fraix de Figon 

Château de Marcoux, sépia de M. de Fraix de Figon, 1890.

Maître d'œuvrage : Gérard Dubouchet, SCI du Château de Marcoux

Maître d'oeuvre, Architecte : Michel REMILLIEUX de La tour en Jarez (Loire).

Maçonnerie : Entreprise NEYRON de Montfaucon

Charpente : Entreprise PELISSIER de Mazet-Saint-Voy

Couverture : Entreprise MICHEL d'Yssingeaux

Menuiserie : Entreprise PICHON, Le Mas de Tence

 

Marcoux endormi, ensommeillé par le poids des ans, rongé par les neiges et les pluies, érodé par la bise et la burle. Marcoux chancelant, sonné, tombé, Marcoux détruit. Et pourtant, Marcoux nous a séduit infiniment ; dans son écrin de velours vert, un cœur renaissant palpitait encore, sous ses pierres branlantes, sous les gravats, les orties, les digitales, sourdaient encore quelques musiques, des secrets, des serments d'amour peut-être. Au loin, la chaîne des Puys, là, en ce lieu doux et un peu triste, une tendre mélancolie nous prit par les épaules : c'était évident, nous étions chez nous, là prenaient nos racines. Alors, soudain, surgit un rêve fou : ranimer le Château de Marcoux de son sommeil de pierre.

Le château de Marcoux en ruine

En 1996, au moment de l'achat, le château était à l'abandon. Son précédent propriétaire avait largement contribué à sa destruction puisqu'il avait procédé à un démontage complet des toitures dans le but de ne pas payer l'impôt foncier et de vendre les lauzes de couverture qu'une mode d'un goût douteux destine, dans la région, au revêtement des sols des résidences secondaires. Le diagnostic des experts fut sévère, décourageant : murs minés, lézardes déchirant le bâti, toitures effondrées, grande salle que se disputaient sapins et tilleuls aux racines meurtrières, en un mot, une ruine ! Après le coup de cœur, un immense spleen ! Allions nous jeter nos rêves aux ronces et aux éboulis ? Céder aux oiseaux de mauvais augures ? aux banquiers ricanants ? aux sceptiques (1) ? à l'ironie des spécialistes ? aux cloportes briseurs de rêve ? JAMAIS !

"Prouve-le. Prouve que ce n'était pas un rêve. Seuls les actes décident de ce qu'on a voulu..." J-P. Sartre, Huis clos (scène V).

Une sorte de révolte active s'empara de l'équipe ; foin des lamentations des "belles âmes", il nous fallait agir, redonner vie à cette demeure qui avait subi "des ans l'irréparable outrage". Une course contre le temps et la mort qui rongent, s'engagea : retrousser les manches, demander des devis, arracher herbes folles et sureau maudit, chercher des subventions, solliciter des prêts, engager les premiers travaux. Il fallut répertorier les pierres jonchant le sol, trier, classer les matériaux, démolir les deux derniers niveaux qui menaçaient de s'effondrer. Ne pas s'arrêter, ne pas se décourager, avancer toujours contre la pesanteur, "l'esprit de sérieux des culs de plomb" ; nous avions compris, "nous sommes la somme de nos actes".

 

Le château de Marcous, travaux de démolition

Enfin, les maçons dressèrent grues et échafaudages, girouettes de feu, perches et planches pour passer le fleuve du temps qui passe, détruit et érode, le vent de la vie soufflait de nouveau ici ; ils remontèrent les murs ; coulèrent les dalles... travail titanesque effectué avec amour . Les murs restaurés, restait la toiture : une charpente à l'ancienne , sur pieds droits, avec clefs cintrées, couverte en lauze de pays, selon l'ancienne méthode du lit d'argile , est venue coiffer le château. Le Château de Marcoux était sauvé. Le temps était venu de s'occuper de l'aile ouest. Là encore l'enthousiasme vint à bout des ronces et des éboulis. Nous l'avions prouvé, il faut croire en ses rêves, agir et lutter.

Travaux de maçonnerie

La charpente à l'ancienne

Lauzes posées sur lit d'argile

Aujourd'hui, le Château de Marcoux, renaissant, dresse fièrement ses tours, dans " son cirque de bois, de coteaux, de vallons ". Touristes, historiens en herbe ou à barbe blanche, amateurs d'art, nostalgiques du "bon vieux temps" et créateurs de devenir s'y croisent, débattent, s'opposent, s'accordent ou se séparent : la vie est de retour. Des fêtes raniment les vieux os du château, voilà des danses, des colliers de jonquilles, des cerises aux oreilles, les notes d'une harpe, la voix d'un violoncelle, des éclats de rire. Voilà des expositions, les arts et traditions populaires rencontrent les arts contemporains, se mêlent aux arts premiers, à la peinture, à la sculpture, aux photographies.

 

 

"Les pierres pensent. Le matériau condense ce que les mots diluent : avantage à l'architecte qui expose concis. Acropole, église, château, théâtre - pas d'intuition faite édifice qui n'ait sa petite idée en assise. Les bâtiments qui "tiennent le coup" ont une pensée juste dans leurs fondations ; ceux qui vieillissent mal sont assis sur une pensée friable". Régis Debray, Par amour de l'art, tome 3 : Une éducation intellectuelle, Folio, p.38.

 

Notes :

1-Une exception remarquable : M. Brunon, architecte des bâtiments de France, nous soutint toujours.

2-Travail remarquable effectué par l'entreprise MICHEL d'Yssingeaux.

3-Ouvrage réalisé par l'entreprise PELISSIER de Mazet-Saint-Voy.

4-Œuvre de l'entreprise MICHEL d'Yssingeaux

Etat du Château de Marcoux avant sa restauration

Le mot de l'architecte : en ce qui concerne le château de Marcoux

Les travaux de 1997

Les travaux de 1998

Les travaux de 1999

Les travaux de 2000