En ce qui concerne la restauration du Château de Marcoux

 

 Château de Marcoux, gravure de Fraix de Figon

Château de Marcoux, gravure d'après un sépia de M. de Fraix de Figon, 1890.

 

 

La problématique rencontrée au Château de Marcoux, est celle que l'on rencontre chaque fois que l'on intervient dans de l'ancien. Doit-on reconstruire à l'identique ? ou réinterpréter et adapter à notre époque ?

L'état de délabrement du château était tel qu'il était impossible de retrouver les traces de certains éléments de l'architecture.

On aurait pu faire "à la manière de" et le château serait vite devenu un décor (en quelque sorte, un mini disneyland).

Le parti pris a donc été celui de respecter le bâtiment, c'est-à-dire, d'intervenir de façon à mettre en valeur les éléments d'époque mais en les juxtaposant à une intervention contemporaine. C'est cette même logique qui a fait qu'au XIXe siècle, l'extension du château a respecté la façon de construire du XIXe ; la taille des pierres n'ayant rien à voir avec celle du XVIe siècle.

Tous les sites historiques ont vécu des évolutions ; de quel droit arrêter arbitrairement cette évolution à une époque donnée ? (en Sicile par exemple, les temples grecs sont devenus les nefs des églises romanes).

Ne serait-il pas absurde de faire de ce bâtiment une copie ? de quelle époque d'ailleurs ? XVIe ou XIXe ?, et d'y intégrer l'électricité, l'eau courante, le chauffage central, la détection d'incendie et les réseaux câblés ?

En respectant la logique de l'évolution des techniques, dans le futur, les visiteurs du château pourront ainsi lire son histoire à travers le temps.

Si la sensibilité de la population vis-à-vis du patrimoine est croissante, elle n'en demeure pas moins pour une grande partie passéiste ; c'est pourquoi je salue le courage du propriétaire d'avoir accepté que le travail de l'architecte soit de placer le Château de Marcoux dans une trajectoire d'avenir ancrée dans son passé, c'est-à-dire, d'en faire un espace vivant où se mêlent les écritures du temps.

 

Michel REMILLIEUX

architecte

24 Avril 1998