Les protagonistes présents :
Armand de Béthune (1635-1703), évêque du Puy (1661) qui mène l'enquête préalable et introduit la cause à Rome ; le diocèse du Puy dépend directement de Rome.
Guillaume de Bochart de Champigny, évêque de Valence qui le seconde dans cette action. Membre d'une grande famille de serviteurs de l'Etat et d'ecclésiastiques.
Joseph Ronin, prêtre, maître du chur de l'église primatiale de Vienne, et officier de justice ecclésiastique, substitut du promoteur de la foi.
Antoine Arcis, abbé de Bassac, qui seconde Ronin dans ce rôle.
Claude Cussinel, notaire ecclésiastique chargé de prendre en note la déposition.
Nicolas Aymar, courrier publique, chargé de transmettre les assignations.
Damien Vacher, habitant de Monistrol, témoin de la remise des assignations.
Antoine Dupin, habitant de Monistrol, témoin de la remise des assignations.
Louise de Romezin, témoin convoqué.
Les protagonistes lointains :
Prospero Bottini, archevêque in partibus de Myre, promoteur de la foi (« avocat du diable ») de 1673 à 1707, a fourni les questions ('interrogations') à poser au témoin. Réputé pour son intransigeance, il avait empêché l'introduction de la cause de Juan de Palafox en 1698 ; son successeur, Prospero Lambertini (1707-1728), se montra plus généreux et fut aussi celui qui permit la canonisation de Jean-François Régis ;
Pierre de Jan, jésuite, profès, chargé de défendre le cas au nom de la Société de Jésus et qui fournit la deuxième série de questions ('articles') et
Tirso Gonzales (1624-1705), jésuite espagnol, général de l'ordre (depuis 1687) et qui, de ce fait, supervise l'action engagée à Rome. Il avait « coopéré » avec Bottini dans le cas Palafox en 1698.
N.B. :
Les passages préliminaires et conclusifs en italiques sont traduits du latin, la déposition proprement dite a été reprise sans changement, dans le français de l'époque, avec son orthographe instable, sa ponctuation épisodique. Les passages entre crochets (en gras ou soulignés) fournissent quelques éclaircissements sur l'organisation du texte.
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[déclaration sur ce qui devait être transmis par courrier aux personnes concernées]
En l'an 1702 depuis la naissance de notre Seigneur Jésus Christ &endash; le 17ème jour d'octobre à la 7ème heure du matin en l'église collégiale St Marcel [sic] de Monistrol et devant l'autel de la-dite église dédié au Saint Rosaire &endash; en ce lieu et de lui assignés par devant les très illustres et révérentissimes docteurs Armand de Béthune, évêque et seigneur du Puy, comte de Velay, suffragant spécial de la Sainte Eglise Romaine et soumis directement à celle-ci, et Guillaume de Bochart de Champigny évêque de Valence,
réunis en même temps et avec les juges introducteurs, députés par la Sacrée Congrégation des Rites dans le présent procès :
présent et intervenant le révérend seigneur Joseph Ronin promoteur fiscal et général de la Cour archiépiscopale de Vienne subpromoteur de la foi délégué, déjà cité et intimé,
et moi Claude Cussinel notaire publique et sténographe désigné et enregistré par l'église
comparut :
Nicolas Aymar courrier désigné par l'église
Par ordre des très illustres et révérentissimes docteurs juges délégués, à la demande de la vénérable Société de Jésus ou du révérend Père Pierre de Jan procurateur spécialement chargé de ladite cause,
ont été personnellement assignés les révérends seigneurs Joseph Ronin, prêtre et maître du chur de l'Eglise de Vienne, promoteur fiscal, et Antoine Arcis, abbé commendataire, subpromoteurs de la foi délégués
Et aussi noble Dame Louise de Romezin
Au témoin devant être examinée, introduite et admise, et à ceux-ci les copies des assignations suivantes ont été remises ouvertement.
[texte de la convocation transmise par le courrier]
Du Puy, en France, pour la béatification et la canonisation du vénérable serviteur de Dieu Jean François Régis prêtre de la Société de Jésus.
Par les très illustres et révérentissimes docteurs Armand de Béthune, évêque et seigneur du Puy, comte de Velay, suffragant spécial de la Sainte Eglise Romaine et placé sans intermédiaire sous celle-ci, et Guillaume de Bochart de Champigny évêque et comte de Valentinois et prince de Soyons, juges députés et en même temps réunis par la Sacrée Congregation des Rites pour la cause ci-dessus
Que soient assignés les révérends seigneurs docteurs Joseph Ronin, promoteur fiscal et général de la cour archiépiscopale de Vienne, subpromoteur, et Antoine Arcis prêtre chanoine et abbé de Saint Etienne de Bassac, subpromoteurs de la foi délégués,
Et noble Dame Louise de Romezin
Une fois la témoin, à examiner de manière égale, introduite et admise le 17ème jour du mois d'octobre de l'année courante, à la 7ème heure du matin en l'église St Marcellin de Monistrol, diocèse du Puy, et devant l'autel dédié à la dévotion du Saint Rosaire- au lieu de la dite église et à l'emplacement du lieu fixés, il sera recourru à l'examen dudit témoin,
pour cette raison que soient convoqués les susdits promoteurs de la foi délégués pour entendre et voir la témoin précitée de la même façon citée et intimée maintenant pour se soumettre à l'examen, au jour dit à la demande de la vénérable Société de Jésus et du révérend Père Pierre de Jan, procurateur spécialement chargé de cette cause, et du révérend Père Thyrso Gonzales, supérieur général de la dite Société ==
Sur le mandat des très illustres et révérentissimes docteurs juges délégués. Cussinel, notaire apostolique et sténographe délégué.
[déclaration du courrier sur ce qu'il a transmis selon l'ordre précédent]
Teneur de ce qui a été exécuté par le courrier pour l'intimation et la citation ci-dessus.
Moi courrier publique enregistré, et nommé par l'église, par ordre et mandat des très illustres et révérentissimes juges délégués à cette cause, par la force de la citation et de l'intimation ci-dessus écrites, à moi données à exécuter, et aussi à l'instance de la vénérable Société de Jésus ou du révérend Père Pierre de Jan, procurateur spécialement chargé de cette cause, à Monistrol au 16ème jour du mois d'octobre de l'année courante, j'ai personnellement assigné les révérends seigneurs Joseph Ronin, promoteur fiscal et général de la cour archiépiscopale de Vienne, subpromoteur, et Antoine Arcis, abbé, subpromoteurs de la foi délégués
Et aussi noble Dame Louise de Romezin
Une fois la témoin introduite et admise, pour l'examiner de façon égale, le 17ème jour du mois d'octobre de l'an 1702, la 7ème heure du matin, en l'église St Marcellin de Monistrol, diocèse du Puy, et devant l'autel dédié à la dévotion du Saint Rosaire &endash; de la dite église, par devant les trés illustres et révérentissimes docteurs juges délégués susnommés, il sera recourru à l'examen du noble témoin précédemment cité, et pour cela j'ai convoqué les révérends subpromoteurs de la foi pour entendre au jour et à l'heure dite, et pour voir la noble témoin précitée, également assignée et citée, se soumettre à l'examen, dont j'ai remis en mains propres la copie de la présente annonce, au jour au mois et année comme ci-dessus
Présents avec moi les souscrits Damien Vachier et Antoine Dupin, habitants de Monistrol : Vachier présent, Dupin présent de même le souscrit Aymar, courrier délégué de l'église.
[description des préliminaires de la déposition]
[Avertissement du promoteur sur les conditions d'examen]
Après la relation de l'intimation faite ci-dessus par le courrier, comparut le révérend seigneur Joseph Ronin, promoteur fiscal et général de la cour archiépiscopale, subpromoteur de la foi délégué, qui présenta et produisit les interrogations, fermées et scellées, au nom du très illustre et révérentissime Prospero Bottini, archevêque, promoteur de la foi absent, déclarant qu'elles ne doivent pas être ouvertes sauf au cours de l'examen, et, pour l'examen des témoins présents, qu'il ne soit pas recourru aux articles et à d'autres matériaux, avant d'avoir bien et diligemment examinés les interrogations susdites, en présence et avec l'assistance d'un autre des subpromoteurs de la foi, et conservées pour d'autres selon le droit écrit et la coutume à observer, sans quoi, que cela soit frappé de nullité, et protestant légalement et légitimement sur toutes les autres, non seulement par ce moyen mais aussi par tout autre jugé meilleur.
[Entrée du témoin]
Ce même jour, mois et année comme ci-dessus fixés et intimés par devant ces mêmes trés illustres et révérentissimes docteurs juges introducteurs délégués, en même temps réunis en la dite église collégiale St Marcellin de Monistrol, diocèse du Puy, et devant l'autel dédié à la dévotion du Saint Rosaire de la dite église au lieu et emplacement de celui-ci fixés, présent et intervenant le révérend seigneur Joseph Ronin, promoteur fiscal et général subpromoteur de la foi délégué, et moi Claude Cussinel, notaire ecclésiastique sténographe nommé et enregistré, fut examinée : noble Dame Louise de Romezin, de la patrie du Chambon, âgée de 83 ans, fille à noble Louis de Romezin et à noble Dame Isabelle de Selier-
[Serment du témoin]
La témoin à nouveau introduite et assignée, qui à la lumière du jour jura de dire la vérité, et d'observer le secret sur la forme des tout nouveaux « directoires » de la Sacrée Congrégation des Rites, et maintenant, réitérant ce serment sous la même forme, le jura dans les mains de ces mêmes trés illustres et révérentissimes docteurs juges délégués, prononçant les paroles suivantes avec fermeté :
Moi noble Louise de Romezin, témoin assignée, je jure, sur les sacro-saints Evangiles placés devant moi, de dire la vérité, autant aux interrogations que sur les articles sur lesquels je serai examinée, et aussi d'observer le secret, et de ne pas en réveler d'autres, aussi bien sur le contenu de ces mêmes interrogations, que sur les réponses par moi données, sous peine d'être punie d'excommunication au sens lage, de laquelle je ne peux être absoute si ce n'est par le Souverain Pontife et à l'article de la mort, et je promets et jure ceci ainsi que Dieu me l'a indiqué, et sur l'évangile de ce jour.
[Déroulement de l'examen]
Et interrogée, par ces mêmes trés illustres et révérentissimes docteurs juges délégués,
pour une part sur les interrogations sous formes d'articles fournis par l'illustre et révérentissime seigneur promoteur de la foi, et de la manière vue dans l'acte du présent examen avec les dépositions du témoin, et, arrivées fermées et aussi scellées au procès, furent ouvertes par ces mêmes trés illustres et révérentissimes docteurs juges délégués, seulement dans le procèsi en présence et sous le regard du révérend seigneur Joseph Ronin, promoteur fiscal subpromoteur de la foi,
et d'autre part furent également produits en plus, à la suite, dans les actes, les articles de la dite vénérable Société de Jésus, ou du précité Père Pierre de Jan religieux profès de la dite Société de Jésus et procurateur spécialement chargé de la présente cause, le témoin dit et déposa selon ce qu'on peut voir ci-dessous.
[déposition en deux étapes : d'abord une série de 25 questions de J. Ronin, avec sans doute une erreur de numérotation à la dernière, puis une de 80 de P. de Jan]
Ad Primum
Je m'appelle Louize de Romezin, née au Chambon dans le Vellay agée de quatrevingts trois ans, fille a noble Louis de Romezin, et a Dame Izabeau de Selier Je suis femme de qualité, et jay du bien sufisemment = Ad 2m Je n'ignore point limportence du serment &endash; non plus que la grièveté du parjure, singulierement dans les causes de la Béatification et de la Canonizaõn des Saints = Ad 3m Je confesse tous les huits jours et quelques fois plus souvent, tantot au curé de la Chapelle, ma parroisse, tantot a des RR.PP. Capucins qui viennent y prescher ; et je communie de mesme dans la mesme Eglise publiquement = Ad 4m Jenay jamais esté accusée en jugement pour aucun crime = Ad 5m Jenay jamais estée excommuniée = Ad 6m On ne ma point instruite a deposer = Ad 7m Jay connu et jay veu le Père Jean françois Regis pretre de la Compagnie de Jesus dans la ville de Montfalcon, et dans les villages de Montregard, de Rocoules du Comté deu Vellay, et dans le village de la Louvesc situé sur les hautes montagnes du Vivarez. Jestois alors agée denviron vingt deux ans. Lors que ie vis dans tous ces lieux Led. Serviteur de Dieu faisant la mission instruisant, prechant, et confessant les peuples. Jestois heretique et javois esté elevée depuis mon enfance comme mes parens dans le Religion de Calvin ou jestois etrangement obstinée, Le Père Regis me parla des verites de la Religion Catholique Apostolique et Romaine, et me convertit avec une entiere satisfaction de ma conscience, ce fut a Montregard quil me convertit et apres mavoir convertie il masseura quil ne moublieroit jamais et quil prieroit Dieu pour moy. Cet homme ayant fini sa mission amontregard je le suivis dans tous les autres lieux que jay nommes de mesme quune foule depeuple par lopinion ou tout le monde estoit generalement de son eminente saintete = Ad 8m Jay une singuliere devotion envers la memoire de ce serviteur de Dieu je souhaite ardemment sa Beatification et sa Canonisation je ne la poursuis pourtant pas = Ad 9m Le Pere Regis mourut ala Louvesc, je ne scay point le lieu de sa naissance ni ses parens = ad 10m Je ne scay = Ad XI Le Père Regis avoit quitté le monde pour se faire Religieux dans la Compagnie de Jesus, je lay veu pretre Jesuite dans les missions dont jay parlé cy dessus = Ad 12m Le Père Regis avoit la reputation d'un tres grand Saint dans toutes les montagnes du Vellay ou il faisoit la mission, et il estoit dans cette estime parmi les gens de qualité et de distinction universellement a cause des eminentes vertus quil pratiquoit aux yeux de tout le monde. Jen ay esté moi mesme le temoin, J'ay ouy ce qu'on en disoit par tout = Ad 13m Led Serviteur de Dieu a parfaitement observé tous les Commendemens de Dieu et de l Eglise : Sa vie a lexterieur estoit pleine de bonnes uvres, on le suivoit par tout a raison de son Eminente Saintete, il portoit a dieu tous les peuples dont il paraissoit chercher le salut avec un zele tres ardent. Je lay veu moy mesme, et tout le monde le voyoit avec moy = Ad 14m Sa foy a este Eminente et surnaturelle pour tous nos misteres, il les expliquoit a tous les peuples avec beaucoup de neteté et d onction, et avec un fruit incroyable dans les ames, j eprouvay moy mesme cette vive foy du St homme, et que l esprit Saint parloit par sa bouche sur nos misteres : j avois une opposition d esprit que ie ne scauvois exprimer a croire la realité du Corps de Jesus Christ dans l adorable Eucharistie, j avois la memoire remplie dun tas de textes tirés de la bible que nos ministres mavoient inculques pour combattre ce mistere. Le Père Regis ne me dit que peu de parolles sur la verite de ce mistere, et tout dun coup il se fit un si grand jour dans mon esprit, et jen fus si persuadée que ie neus aucun doute. Sur lheure j'eusse donné mille vies plutot que dabandonner cette croyance. Je cachay ma conversion a mes parens tout un temps. Je vecus ches eux dans le Chambon au milieu d'un peuple presque tout Calviniste sans perdre les bons sentimens que le Serviteur de Dieu mavoit inspiré. Jeus au contraire plus vive cette persuasio intime que quelques parolles quil mavoit dites porterent dans mon esprit et lexemple de tant de Calvinistes et de mes propres parens ne me porta jamais a faire aucun acte de leur fausse Religion : je pretextois de temps en temps de visites dans les lieux voisins, mais cestoit pour aller me confesser aux Curés des parroises et recevoir le Corps de Jesus Christ, Led. Serviteur de Dieu ma donné lieu encore de juger de cette foy vive et surnaturelle par ce que je vas dire : tout trempe de neges et de pluyes, il arriva sur le tard amontregard, son premier soin fut d'aller a l Eglise pour adorer le Saint Sacrement, il trouva la porte de l eglise fermée, et quoi quil fit un froid tres piquant, il ne laissa pas de faire sa priére a genoux devant la porte de l Eglise et d'adorer Jesus christ dans la taberncle plusieurs personnes du lieu mesme ly surprirent et appréhenderent si fort pour sa santé dans une saison si rude quelles lobligerent a se retirer dans une maison voisine, les personnes me le dirent amontregard = Il ne faut pas douter que son amour pour Dieu ne fut dans un Souverain degré tout le monde le regardoit comme un homme plein de l'amour de Dieu, et tout ce que j'en puis dire avec vérité, c'est que toutes ses actions, toutes ses parolles, tous ses entretiens ne respiroient que Dieu. Il travailloit sans aucun relâche pour Sa gloire, et il portoit tout le monde a se donner a Dieu, Jay esté le temoin de tout ce que ie dis, et je ne puis exprimer assez bien tout ce que je sentois et que tout le monde sentoit en levoyant = Il a excellé dans la vertu de Charité a legard du prochain et ce que j'en scay et que j'en ay veu, de mesme que tout ce pais est que jour et nuit Il travailloit a la Sanctification des ames sans se lasser. Il instruisoit les gens grossiers, il les ecoutoit, il les caressoit, il les confessoit avec une patience, une douceur, et un zele heroique Souvent les peuples ont eu cette charité pour lui que de le forcer a sortir du confessionaire, et de l Eglise pour aller prendre un peu de nourriture nayant rien mangé ni bu de tout le jour, tout cecy est certain j'en ay esté le temoin a Montregard, a Montfalcon, a Rocoules, et ailleurs = Jen'ay rien autre chose a dire de son esperence en Dieu si ce n est, que si ce grand Saint neut compté uniquement sur Dieu parmi tant de fatigues et de travaux immenses, rien autre chose neut pû le soutenir. Il estoit tres prudent, car il menageoit et conduisoit les pecheurs pour leur conversion avec beaucoup de douceur et de Charité, et toujours avec succes : jen puis répondre moi mesme car lors que ie lui opposoit a tout propos avec opiniatreté les textes de la bible dont on avait rempli ma memoire contre les verités catholiques et en particulier contre la realité du Corps de Jesus Christ dans ladorable Eucharistie ; me donnant sottement tous les airs d'une personne scavante, jamais ce bon pere ne me dit un seul mot qui peut moffenser ou mesme reprocha jamais mon orgueil, ni mon ignorence mais il me regardoit et mecoutoit avec une modestie charmante et avec une douceur sans egale souriant seulement a lardeur dont je combattois la verité, quil me persuada en suite d'un seul mot. Je voiois tout le monde traitoit avec lui sur laffaire du Salut pareillement satisfaits de ses avis salutaires, de ses conseils, et de sa conduite, son amour pour toutes les vertus et sa justice ont esté eminents car on ne la jamais veu manquer a aucun devoir, jamais faire la plus legere faute toujours occupé tout au contraire des bonnes uvres pour la gloire de Dieu, et le salut des peuples = Il estoit fort moderé ; fort doux fort paisible, et ses passion si mortiffiées, qu'on eut dit, et on le disoit aussi quil n'en avoit du tout point : avec cella fort agissant et dans un exercice continuel des bonnes uvres : il estoit si mortifié que parmi tous ses grands travaux il ne beuvoit jamais de vin et ne mangeoit que du pain noir encore passoit il souvent les jours entiers sans manger ni boire, je lui envoyois quelque fois du poisson pour ses repas : mais le bon Saint nen goutoit pas, il le distribuoit aux pauvres et se contentoit d'un peu de pain, d'un peu de lait, de quelques herbes, et d'un peu d'eau, encore en prenoit il fort sobrement, il faisoit tous ses voyages a pied en tout temps dans ces montagnes fort rudes et fort difficiles jen ay esté le temoin et tout le pais la veu tout mortiffié qu'il estoit et fort ennemi de son corps a qui il refusoit le necessaire, il agissoit avec une force invincible, ne se plaignant jamais des incommodités du temps, ni des chemins, non plus que de l'importunité d'une multitude infinie de peuple qui sempressoit de lui parler, de le voir de recevoir ses instructions et de lui confesser ses pechés, ne lui donnant pas un moment de relache. Sa force paraissoit en particulier dans lardeur avec laquelle il combattoit le vice d'impureté contre lequel il invectivoit puissemment dans ses exortations publiques et le poursuivoit vivement = Ad 15m Je ne scay rien de particulier de ses dons surnaturels, de prophetie, de predire lavenir,et je ne m'en souviens pas du moins s'il est arrivé rien de cecy = Ad 16m Je ne scay rien de ses apparitions ni de ses visions celestes = Ad 17m Jay deja dit que le Pere Jean françois Regis mourut a la Louvesc ou il faisoit la mission, il y mourut d'une maladie causée par la rigueur et du temps et des chemins quil parcourut pour y arriver, ce fut sur la fin de decembre de l'année 1640 = Il fut enseveli dans leglise de la parroisse du mesme lieu il mourut comme il avoit toujours vecu c'est-à-dire dans une oppinion d'une eminente Sainteté a cause des vertus heroiques quil avoit pratiqué sans relache : je voïois les gens de quaité aussi bien que les peuples de tout le Vellay temoins de son zele et de ses vertus lestimer un grand Saint, et en parler de mesme, et cette oppinion estoit universselle dans tout ce païs elle y a toujours perseveré sans aucune intermission depuis sa mort, et sest augmentée mesme de plus en plus jusques a ce jour : Je n'ay pas esté dans les autres provinces mais j'ay sceu seulement ici de la voix publique que cette reputation de la sainteté dud serviteur de Dieu est rependue universellement et que des gens de distinction des païs les plus éloignés venoient a La Louvesc uniquement pour visiter le tombeau de ce grand saint = Ad 18 J'ay dit deja de sa sepulture tout ce que j'en scay = Ad 19m Jay visité le sepulcre dud Serviteur de Dieu plusieurs fois jy fust quelques jours seulement apres sa mort que japris au Chambon une infinité d'autres gens de ce pais dont jen connois plusieurs ont fait de mesme et souvent comme moi Ce concours sest accru depuis la mort dud Serviteur de Dieu, et aujourd huy il est plus grand que jamais il est visible qu'on y va par loppinion ou tout le monde est de l'eminente Saintete dud Serviteur de Dieu et des miracles et des graces sans nombre quil a fait depuis et quil a obtenues a ceux qui l'ont invoqué. Ad 20m La devotion de tous les peuples du Vellay pour le Serviteur de Dieu est extraordinaire elle a commencé depuis sa mort, et a toujours continué depuis, et aujourd huy plus fervente que jamais, j'en ay esté le temoin tout le temps que jay survecu audit Serviteur de Dieu, les concours des autres provinces qui se voit a la Louvesc montre assez que cette devotion est egalement universelle et fervente ailleurs = Ad 21m Jay toujours ouy dire qu'un miracle est ce qui surpasse toutes les forces de la nature qu'une grace est un evenement qui ne peut estre naturellement eu égard a certaines circonstances Ad 22m Je scay de la renommée universelle et en generale que le Pere Jean françois Regis a fait depuis sa mort un grand nombre de miracles, et obtenu beaucoup de graces a ceux qui lont invoqué : et en particulier Il y a quelques années questant a Annonay ville distante de trois lieues de la Louvesc, et de deux lieues de Vanosc Jentendis de la renommée publique que Jeanne Percier native de Vanosc percluse de tous ses membres depuis un assez long temps sestans vouée au Pere Regis pour obtenir la santé par son intercession fut portée a la Louvesc, quelle y fut guerie subitement par l'intercession de ce Serviteur de Dieu, et que la neuvaine finie elle revint de La Louvesc a Vanosc parfaitement guerie et avec une entiere liberté de tous ses membres = AD 23 Je ne scay autre chose = Ad 24m Je ne scay autre chose = Ad 27 et ultimam La renommée est un bruit universel et un entretien des hommes sur un sujet selon lopinion quils en ont Lopinion et la renommée des vertus héroiques et de la Sainteté aussi bien que des miracles du Pere Jean françois Regis a esté universelle de tout temps parmi toute sorte de gens sages prudents, pretres religieux riches nobles et de distinction qui nestoient point suspect, mais rendoient justice a la Sainteté eminente de ce grand Serviteur de Dieu = Jai deja dit tout ceci et il est inutile de la repeter. Et tout ce que jai dit jusques ici j'en ay esté moi mesme le temoin, ou je lay ouy de personnes qui lavoient veu ou de la renommée publique, et je nay point tiré mes lumières de la lecture d'aucune histoire de la vie dud Serviteur de Dieu puis que je nen ay leue aucune =
Et ensuite la dite témoin, interrogée sur les articles, répondit
= Ad 1m Je ne scay = Ad 2m Je ne scay = Ad 3m Je ne scay = Ad 4m Je ne scay = Ad 5m Je ne scay = Ad 6m Je ne scay = Ad 7m Je ne scay = Ad 8m Je ne scay = Ad 9m Je ne scay = Ad 10m Je ne scay = Ad 11m Je ne scay = Ad X11m Je ne scay = Ad 13m Je ne scay = Ad 14m Je ne scay = Ad 15m Je ne scay = Ad 16m Le Pere Jean françois Regis de la Compagnie de Jesus estant pretre a passé les dernieres années de sa vie dans lemploy des missions je lay veu dans les rudes montagnes du vellay et du vivarez a Montregard a Montfalcon a Rocoules a la Louvesc catechisant prechant confessant les peuples avec un grand zele, cella est publiq et notoire a tout nostre pays = Ad 17m Led. Serviteur de Dieu a travaillé avec un zele infatigable dans toutes ces missions, il estoit tout le jour dans l'Egglise a instruire les peuples, et a les confesser quelque fois si avant dans la nuit qu'on estoit obligé de la forcer a en sortir pour aller prendre un peu de nourriture. Il estoit dans une opinion universelle d'une eminente Sainteté J'en estois le temoin et tout le publiq lavouoit de mesme = Ad 18m Le Pere Regis estant parti de Rocoules pour se rendre a la Louvesc ou il avoit fait indire la mission fut obligé de fendre les neiges et les glaces pour arriver a son terme, ces fatigues du voyage Luy causerent une grande maladie, il arriva en cet etat a la Louvesc, il y cacha son mal au peuple, et ne laissa pas de celebrer chaque jour le St Sacrifice de la messe de faire le catechisme, de prescher, de confesser tout le jour. Je fus a la Louvesc deux jours entiers durant cette mission pour ouyr precher led. Serviteur de Dieu, et je le vis dans tous les susd. Exercices de zele et de charité &endash; après quoi je l y laissay, et me retiray ches moi a Montregard pour affaires. Son mal layant surmonté parmi tous ces exercices de son zele et de charité il mourut la mesme sur le fin de decembre 1640 = Ad 19m Jenay rien a dire de plus particulier sue cet article que ce que jay dit = Ad 20m et 21m Le bruit de la mort dud. Serviteur de Dieu sestant rependu aussi tot dans toutes nos montagnes. Je l'appris a Montregard distant de trois lieues de la Louvesc jaccourus sur l'heure, pour visiter le sepulchre de mon Saint directeur a qui je devois après le Seigneur ma conversion. Je fus dans l'Eglise et jy vis un creux fort profond dans la terre sous laquelle on avoit enseveli ce Saint Corps, et on me dit que la terre qui manquoit dans ce grand creus avoit esté enlevée par une foule de gens qui a lenvy sestoient empressés d'en prendre a cause de la veneration profonde quils avoient tous pour l'eminente Sainteté de ce bon Pere touchée de la mesme opinion et d'une grande confiance envers le St homme. Je reposay ma jambe jusques au genoult dans ce mesme creus Jy receus dans mon ame une consolation si exquise et si abondante que ie ne scaurois lexprimer mon ame en fut si long temps penetrée, que je formai le projet d'avoir une petite maison a la Louvesc pour y passer le reste de mes jours ne pouvant m'eloigner du St homme : mais comme jestois encore en puissance des Pere et mere : je ne peus executer ce projet = Ad 22m Le Pere Jean françois Regis a possede toutes les vertus chretiennes en un souverain degré : cella ma paru et a tout ce pays de mesme par lexercice continuel de toutes ces bonnes uvres, ou il s'apliquoit avec un zele fervent pour la gloire de Dieu et pour la sanctificaõn des ames. Jen ay este le temoin et tout le publiq aussi = Ad 23m Ce Serviteur de Dieu a esté éclairé luy mesme d'une foy vive et surnaturelle pour tous les misteres de la Religion : cella a paru par le zele qu'il a eu d'instruire toute sa vie les peuples des misteres de la foy, et des verités Catholiques. Ses explications estoient fort simples mais ses parolles pleines d'une onction divine si forte que tout le monde la ressentoit. D'un seul mot presque il effaça toutes les erreurs de Calvin dont on mavoit penetrée depuis mon enfance, vainquit mon obstination, me persuada de la realité du Corps de Jesus Christ dans ladorable Eucharistie, et remplit mon esprit de tant de lumiere que depuis ce moment jusqu'à l'heure que je depose je n'ay plus eu le plus leger doûte sur ce mistere et me suis sentie toujours disposée a perdre ma vie plutot que de perdre cette croyance, cependant je puis asseurer avec verité que je nay eu depuis ce moment d'instruction plus forte que celle que je receus de ce bon pere. Voicy encore une autre preuve de sa foy. Ce bon pere estans arrivé un jour a Montregard a lentrée de la nuit tout trempe des pluyes et des neiges et par un froid et une bise tres piquante, il commença avant que de se montrer a personne par aller en droiture a l'Eglise y adorer le St Sacrement, et en ayant trouvé la porte fermée a clef il s'arreta a genoux et teste nue devant la porte pour prier et adorer Jesus Christ de personnes de Montregard qui passoient par cet endroit, ly surprirent et ly virent presque immobile, elles laprocherent, et le saisissant lobligerent de se retirer dans une maison voisine pour se refaire un peu ces personnes mesmes me le dirent a Montregard ou jestois = Ad 24m Led. Serviteur de Dieu ne menageois aucun temps pour faire ses missions dans nos montagnes ni les neiges, ni les glaces, ni les pluyes en hiver ni lardeur des chaleurs de l'eté, ne lui faisoient point diferer dun moment ses missions. Je l'y ay veu moy mesme dans tous ces temps et tout le pays l'y aveu = Ad 25m Le Pere Regis estoit extremement austere et mortifie alegard de son corps parmi tous ses travaux il prenoit tres peu de nourriture, il ne beuvoit jamais de vin et ne mangeoit que du pain noir, quelques fois un peu d'herbes un peu de lait et fort sobrement et ne beuvoit que de leau, il eut passé les sepmaines entieres sans boire ni manger plutot que d'interropre ses fonctions apostoliques, si on ne leut forcé a sortir du confessionnal pour prendre un peu de nourriture, je lay veu moy mesme souvent, quelques fois je lui envoyois du poisson pour ses repas mais je sceus quil nen goutoit point, et le donnoit aux pauvres ; il est certain que tous les peuples regardoient comme un miracle quil peut fournir a de si grands et de si continuels travaux = Ad 26m Jay veu le Pere Regis faire constamment ses voyages a pied en tout temps dans ces montagnes très difficiles, et souvens impraticables en hyver, il ne se plaignoit jamais des injures du temps, ni des incomodités du voyage, et dans ses fatigues il faisoit paroitre au contraire un grand contentement avec une douce joye qui nous ravissoit, et qui marquoit la force heroique de son zele et de sa vertu, tout ce que je dis et jay veu estoit et est encore notire et publiq = Ad 27m Je ne scay rien de plus particulier sur cet article = Ad 28m Lors que led Serviteur de Dieu arrivoit dans un lieu pour faire la mission, on accouroit en foule des lieux voisins pour ouyr ses instructions et confesser a lui : on le joignoit mesme en chemin, et tout le temps du chemein se passoit de sa part a instruire les peuples et a ouyr leurs confessions, luy estant impossible de sen deffendre. Lors quil finissoit la mission dans un lieu et quil en partois pour aller a un autre la commencer, ceux la mesme qui lavoient ouy dans lendroit quil quittoit le suivoient encore pour ouyr ses entretiens salutaires. Jay veu tout ce que je dis : je lay suivi moi mesme avec quantité dautres personnes de Montregard a Montfaucon, de Montfaucon a Rocoules, et de Rocoules a la Louvesc = Ad 29m Je lay deja dit = Ad 30m Il est vrai que ce qui est dit dans cet article, scavoir que le Pere Regis parti d un lieu pour aller a un autre faire la mission fut joint par une troupe d'etrangers venus de fort loin pour se confesser a lui : le Serviteur de dieu arrivoit allors a Montregard, il les receut avec beaucoup de charité, les instruisit, les ouyt en confession et les renvoya avec une entiere satisfaction de leur conscience : je n'ay pas veu moi mesme ce fait, mais plusieurs personnes qui lavoient veu me le dirent a Montregard dans le mesme temps que la chose arriva = Ad 31m Le Pere Regis embrassoit indifferemment le salut et la sanctification de tout le monde ; je dois avouer pourtant quil sapliquoit avec plus d empressement au salut des grossiers et des rustiques : je lay veu moy mesme ne rebuter personne si grossiere fut elle mais lui donner tout le temps quelle demandoit pour sinstruire et se confesser, cest une chose notoire et publique par tout ou le Serviteur de Dieu a travaillé = Ad 32m Jay deja assez parlé du concours de tous les peuples aux instructions et aux catechisme dudit Serviteur de Dieu. Jajoute que plusieurs passaoient les joursentiers sans prendre aucune nourriture pour ne manquer pas aucune de ses instructions = Ad 33m Les discours du St homme avoient une grande onction et une grande force pour toucher les curs et les convertir quoy que ses instructions et ses sermons fussent fort simples tout le monde y accouroit on en estoit touché je lay esté moy mesme, car en peu de parolles il me convertit jabjuray lheresie de Calvin et embrassay de bon cur la Religion Catholique Apostolique et romaine = Ad 34m Le pere Regis a retiré du vice un grand nombre de filles ou de femmes perdues, je lay ouy de la voix et de la renommée publique dans ce mesme temps = Ad35m et 36m Jay ouy en general que le Pere Regis avoit fait plusieurs prodiges pendant sa vie aucun ne se presente en particulier a ma memoire = Ad 37 et 38m Je ne scay = Ad 39m Je ne scay = Ad 40m 4im 42m 43m et 44m Le Pere Regis a eu une esperence en Dieu heroique, je le scay en general par ce que cestoit lopinion universelle : et en particulier il a entrepris avec succez de travaux immenses pour la gloire de Dieu et le salut des ames = Ad 45m Je ne scay rien de particulier sur cet article = Ad 46m et 47m Le Pere Regis a aimé Dieu d'un amour tres ardent. Il a cherché la gloire de Dieu en tout ; sapliquant sans relache a la sanctification des ames, et alexercice des bonnes uvres, tout ce que j en ay dit je lay veu moi mesme, et cella est publiq encore aujourdhuy quil ne parloit que de Dieu ; quil nagissoit que pour Dieu = Ad 48m Je ne scay = Ad 49m Je ne scay = Ad 50m Jay deja dit bien des fois dans ma deposition precedent que ce venerable Serviteur de Dieu le Rd Pere Jean françois Regis, n'epargnoit ni ses veilles, ni sa santé pour instruire les pecheurs, et les convertir, je me suis portée pour temoin d'une grand nombre de choses que j'en ay dit qui montrent evidemment son zele pour la conversion des ames = Ad 5im Ce serviteur de Dieu avoit une union intime et parfaite avec son Dieu, il avoit une devotion tres ardente anvers ladorable Eucharistie puis que comme je lay deja dit on la trouvé a Montregard arreté a genoux et immobile devant la porte de l'eglise adorant le Saint Sacrement, et cella ne faisant que darriver tout trempe des neiges et des pluyes et par un froid tres piquand = Ad 52m Sa devotion envers la mere de Dieu estoit tres tendre, et tres eminente : il mexhortoit moi mesme sans cesse a cette devotion, et il mappris a reciter le St Rosaire après ma conversion tout le monde reconnaissoit en lui cette tendre devotion = Ad 53m Je ne scay rien de particulier sur cet article = Ad 54m Jay deja dit ailleurs tout ce que je scay de sa charité ardente envers le prochain qui lobligea a se consacrer aux missions de la campagne pour gagner les ames a Dieu et sur tout pour lui attirer le pauvre peuple. Jay deja dit aussi comme il passoit les jours et les nuits a jeun pour employer tout le temps a l'instruction des peuples et ouir leurs confessions, jay veu tout cella, et tout le pays la veu de mesme que moy = Ad 55m Il avoit une eminente charité pour les pauvres, et pour les malades quil visitoit et secouroit en tout : jay deja dit quil ne goutoit point des petits rafraichissments que je lui envoyois pour sa nourriture a Montregard et ailleurs, et qil les distribuois aux pauvres comme du poisson sec, car pour de la chair je ne lui en envoyois pas persuadée quil n'en auroit point mange, et je croyois quil fairoit moins de dificulté d'user du poisson et cependant il sen privoit pour le donner aux pauvres. Ad 56m Je ne scay = Ad 57m Jay ouy de la renommée publique quil faisoit des questes pour nourrir les pauvres = Ad 58m Je ne scay rien de plus particulier = Ad 59m Je ne scay rien de plus particulier = Ad 60m Je ne scay = Ad 6im Il est certain que le Pere Jean françois Regis a perseveré jusques a la mort avec une constance heroique dans tous les exercices de charité envers les pauvres et de zele pour le salut des ames et la conversion des pecheurs, je lay veu moi mesme a la Louvesc pretre de la Compagnie de Jesus ou je l'avois suivi a son depart de Montregard passant par Montfalcon par Rocoules prechant, instruisant, confessant par tout les peuples prechant mesme a la Louvesc quoy que pressé de son mal, confessant nuit et jour et il ne resta pas plus de 4 ou 5 jours en vie après que je ly eus quitté pour men retourner ches moy a Montregard ou la necessite des affaires de nostre famille mappelloient, tout cecy est publiq et notoire
Ad 62m Je ne scay rien de plus particulier que ce que jay deja dit de sa justice et de son amour pour toutes les vertus.
Ad 63m Je ne scay rien de plus particulier que ce que jay deja dit de sa vertu de Religion.
Ad 64m Je ne scay rien de plus particulier de sa force heroique que ce que j'en ay deja dit
Ad 65m Je ne scay rien autre chose de sa temperence =
Ad 66m Il a fait paroitre une veritable horreur des honneurs et des distinctions, et son humilité profonde nous a paru a tous par le commerce continuel quil avoit avec les pauvres rustiques et son application constante a instruire les idiots =
Ad 67m Son amour pour la pauvreté Religieuse et Evangelique paroit asses par tout ce que jay dit ailleurs je ne scay rien de plus en particulier
Ad 68m il avoit une horeur infinie pour le vice de l'Impureté il le detruisoit de toutes ses forces =
Ad 69m Je ne scay rien de plus particulier de sa vertu dobeissance =
Ad 70m tout le monde universellement l'appelloit du nom de Saint a cause de ses eminentes vertus, on en parloit constamment ainsi, le St Pere ; le St Pere faira la mission tel temps ; le Saint Pere viendra dans nos quartiers ; et non autrement =
Ad 7i Cest la renommée publique que ce Serviteur de Dieu a fait de grands miracles pendant sa vie, cest ce que je scay seulement en general : après sa mort il a fait plusieurs grands miracles. Cest le renommée universelle et en particulier voici une grace signalée qu'il obtint a ma petite fille, cette jeune enfant ayant esté mordue par un chien enragé elle devint enragée de cette morsure avec de simptomes de fureur etonnans et tout a fait extraordinaires Elle fut quelques jours dans cet estat : un jour je me mis en prieres dans ma chambre et demanday avec confiance audit Serviteur de Dieu le soulagement de cette pauvre enfant. Ma priere finie, le simptome de fureur de ma petite fille cessa subitment paisible, tranquile et joyeuse ; et se divertit gaiement avec des enfants de son age, et quelque temps après ayant demandé a se coucher : elle mourut dans son lit sans aucun simptome de son mal. J'ay ouy de plus de la renommée publique que quantité dextropiés, et de boiteux avoient esté redressz miraculeusement par lintercession dudit Serviteur de Dieu.
Ad 72m Je ne scay
Ad 73m Je ne scay
Ad 74m Je ne scay
Ad 75m Jay deja dit que Jeanne Percier native de Vanosc, devenue absolument percluse de tous ses membres, fut portée a la Louvesc pour y executer une neuvaine vouée a lhonneur du Pere Regis pour en obtenir la sante. Ce que la neuvaine finie elle fut parfaitemnt guerie par lintercession de ce Serviteur de Dieu et revint a Vanosc son payis dans cet etat d'une santé parfaite quelques temps après cette guerison je fus a Annonay ville distante de trois lieues de la Louvesc, et, sceus ce grand miracle de la renommée universelle, et en particulier de quelques personnes dignes de foy
Ad 76m Tout le monde parloit de cette guerison de Jeanne Percie comme d'un miracle tres evident et tres eclatant operé par lintercession dudit Serviteur de Dieu.
Ad 77m Je ne scay
Ad 78m Je ne scay
Ad79m Je ne scay
Ad 8 m Je ne scay plus rien en particulier
Et une fois l'examen achevé, la dite Dame Louise de Romezin témoin unique, avec les très
illustres et révérentissimes docteurs juges délégués pour ce qui précède, et avec le révérend seigneur Joseph Ronin, promoteur fiscal et général subpromoteur de la foi délégué, et moi maître Claude Cussinel notaire ecclésiastique et sténographe désigné, signa, selon ce qui est ci-dessous, et de cette manière le premier examen, avec les interrogations, fut clos et scellé par les sceaux de ces mêmes très illustres et révérentissimes docteurs juges, selon la forme du nouveau décret de la Sacrée Congrégation des Rites, pour ne pas être ouvert si ce n'est au cours de tout autre examen dans la forme observée : c'est ainsi que jay deposé pour la verite moy
[signatures de : Louyse de Romezin, Armand de Béthune E. du Puy conte de velay suffragant immediat de l'eglise romaine juge Remss, Guillaume eveque de Valence juge Remss, Ronin promot fiscal soubs prom.eur de la foy deputo, Arcis souspromoteur de la foy deputé, Cussinel not ap dptus]