Familles ayant possédé le château de Marcoux

 

Les BAUD DE MERCOUX.

Seigneurs de Marcoux, de Merlat, de Changala, des Maisonnettes, du Bou(s)chet , de Malgontier. Le nom de Baud est celui d'un lieu-dit au nord de Pailharès (en Vivarais).

Les armes des Baud portaient : de gueules, à la hache d'argent ; au chef d'or dentelé d'azur, à trois épis de sinople ; parti d'argent, à la bande d'azur chargée de trois fleurs de lys d'or (L. de la Roque).

 

Armes des Baud de Mercoux

 

Au milieu du XVIème siècle, Guillaume de Baud est détenteur de la châtellenie royale de Pailharès (à 7 km. de St Félicien, avec une garnison d'une trentaine d'hommes, elle est rattachée au baillage de Bourg-Argental en Forez). Il a exercé aussi la fonction de greffier royal du bailliage du Vivarais à Annonay aux côtés de trois autres titulaires (dont Jean et François de Baud). En 1569, ces quatre officiers royaux sont signalés comme protestants par le procureur du Roi François Josserand enquêtant à la demande du Parlement de Toulouse. Il semble pourtant être revenu au catholicisme (peut-être lors de la St Barthélémy en 1572, comme beaucoup d'autres, avec plus ou moins de sincérité dans l'abjuration), et il est signalé comme ayant été capturé par le capitaine protestant Erard, enfermé au château de Lamastre et libéré en 1575 à la mort d'Erard. Lorsqu'il épouse Claudine de Lhermuzières (dont les terres familiales se situent à 8 km au nord de Pailharès), le 2 février 1579, il est châtelain et capitaine de Rochebloyne (au nord-ouest de Nozières, également siège forèzien) et sans doute catholique. Il a eu a trois fils d'un précédent mariage dont Philibert, héritier de la seigneurie, et Fleury (ou Flory) qui épouse, le 28 juillet 1582, Hélène de Mercoux (Marcoux se trouve à 20 km., à vol d'oiseau, à l'ouest de Pailharès). Fleury, bien qu'ayant hérité de biens à Pailharès, vit à Marcoux et multiplie les achats de terres dans les environs du château, tout en louant un domaine au puissant seigneur de Montvert, frère du chef de la Ligue en Velay. Ceci fait de lui un des plus importants propriétaires de la région. Fleury participe à la guerre civile qui fait rage dans le Velay entre partisans de la Ligue (dont il est) et partisans du roi dirigés par la baron de la Brosse (au nord de Tence). Il meurt au printemps 1590 à l'occasion d'une des nombreuses escarmouches de cette guerre. De son mariage naissent Aymard et Jean.

 

Aymard de Baud est seigneur du Rouchet et Malgontier (paroisse de Pailhares), Salette (lieu où il est taxé selon la liève de Montregard en 1612), Changala et Maisonnettes (à l'est de Marcoux). Les trois derniers domaines, ayant été acquis par son père, lui reviennent par une transaction en 1611 avec Jean de Lhermuzières son beau-père, il les étend ensuite par des achats à Melchior de La Franchière en 1638. Aymard épouse en 1613 Claude de Sanhard de Mortesaigne, veuve de François Tourton, seigneur de Borde ; il rédige son testament en juillet 1653 (vers l'âge de 70 ans). Il a une fille Antoinette qui épouse Isaac de Granolhet en 1638 et un fils Imbert, seigneur de Merlat (sans doute obtenu de son oncle Jean), Changala et Maisonnettes (il achète d'autres terres en ce lieu à la veuve de Melchior de la Franchière en 1670). Imbert épouse Diane-Marie de Véron en 1652. Il est cité, avec son oncle Jean et des beaux-frères de Gaspard de Lhermuzières, dans un procès l'opposant à la veuve et au fils de celui-ci, entre 1654 et 1657. Il meurt en 1692 dans sa maison forte des Maisonnettes. A cette époque, bien que ne possédant qu'un petit tènement « noble » à Merlat (revenu évalué à 40 livres en 1691), il figure au troisième rang des contribuables du mandement , devant le seigneur de Marcoux.

Une fille d'Imbert, Suzanne, épouse en 1671 Louis de Banne de Boissy, fils de Louise de Romezin et d'Annet de Banne de Boissy, lui apportant notamment les Maisonnettes et Merlat : en tout trois domaines dont les deux situés aux Maisonnettes "pèsent" 800 livres de location plus 200 livres de beurre et autant de fromage, 600 œufs, 12 chapons, 18 poulets, un tiers des grains et un quart des pommes de terre ("truffes") et des raves (la vente faite en 1797 les évaluent à 107 arpents et 26 100 livres), celui de Merlat est plus modeste avec seulement 180 livres pour la location, 20 de beurre et de fromage, 150 œufs, 2 poulets et 2 chapons, les mêmes proportions des récoltes plus cinq mestans (1,2 qx) d'avoine (en 1797 : 85,4 arpents pour seulement 10 830 livres) ; à cela s'ajoute sans doute deux prés (loués pour 730 livres) et peut-être déjà une scierie. Ce mariage met un terme à la lignée des de Baud.

 

Seigneur du Meallier (St Bonnet-le-Froid), Jean Baud de Mercoux fonde la branche cadette. En 1636, il obtient de Gaspard de Lhermuzières le domaine « noble » (en petite partie seulement) de Merlat (un bâtiment faisant maison-grange et écurie, une vingtaine de séterées de terres, bois, prés et pâturages à l'époque, ce domaine a été cédé à la branche aînée plus tard) ; il règle un dernier différent sur l'héritage d'Hélène de Mercoux en novembre 1644 : le domaine de Rouveure, vers Marconnet, valant 2040 livres avait été sérieusement sous-estimé une première fois. Ce domaine se compose d'une maison de deux étages et d'une grange, de cinq terres et bois de chênes et de hêtres, de deux bois de châtaigniers classés à part (en raison d'un valeur nettement supérieure) et d'un pré (en tout 16 séterées et 18 métanchées c'est-à-dire entre 10 et 15 ha). Jean, qui épouse le 25 juillet 1622 Anne de Lhermuzières de Souteyra (branche cadette), a été nommé curateur et tuteur des enfants mineurs de Gaspard en 1653, il est donc étroitement lié aux Lhermuzières.

Son fils François, seigneur de la Rouveure, habitant en sa maison forte du Méallier (vers St Bonnet-le-Froid), est appelé Baud de Mercoux, encore en 1696 lors de l'enregistrement de ses armes : de gueule avec chevron d'or à trois coquilles d'argent et chef d'azur avec croissant d'argent et deux étoiles d'or . Il est "capitaine de bourgeoisie" de la ville de St Bonnet-le-Froid depuis 1689, et y commande une compagnie dépendant du comte d'Apchier, colonel du régiment du Velay. Bien que ne possédant aucun biens « nobles », il semble avoir joui d'une fortune assez confortable et a été un des nombreux créanciers de Gaspard de Lhermuzières (336 livres en 1663, 433 livres en 1668 payés par la veuve, dette peut-être liée à l'accord de 1644). Il n'a pas eu d'héritier direct mâle, un certain Jean-François de Véron de St Julien héritant du Méallier (cité parmi les témoins du mariage de Louis Joseph de Banne, petit-fils de Suzanne de Baud des Maisonnettes, avec Marguerite de Figon en 1742). A noter qu'un siècle plus tard, Jean Charles de Véron de St Julien légue cinq domaines sur St Bonnet-le-Froid et St André-les-Effangeas à son neveu Jean François de Lhermuzières (1791-1870, branche Souteyra liée aux Baud en 1622), qui les revend en 1863 pour 50 000 francs.

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