Familles ayant possédé le château de Marcoux

 

Les FAURIE

 

Les successeurs des Teyssier à la tête du domaine de Marcoux sont issus d'une vieille famille paysanne des confins du Velay et du Vivarais. Signalés dès 1453 au lieu de la Faurie dans une reconnaissance faite au prieur de Macheville (Laurent et Claude Faurie), on les retrouve assez régulièrement par la suite : en 1472 (Jean), en 1520 (Claude et son frère François), en 1529 avec Pierre qui fait un don à l'église de St Pierre-des-Macchabées puis en 1539 avec Barthélémy pour la paiement d'une pension au curé (2 sols). Le petit-fils de Barthélémy épouse en 1620 Louise Monteyrimard dont il a Jean et François.

 

A partir de là, la famille se sépare en deux branches : celle issue de François (né en 1635) s'installe à Rouvey (ancien péage où se trouve une vaste demeure) puis s'étend en Velay dans la région de Montregard (à Fours) avec Pierre, marié en 1687 à Catherine Vachon ; si leur fille Anne Marie retourne à St Pierre des Macchabées pour se marier, leur fils Jean (1688-1727) reste « bourgeois de Montregard » et leur petit-fils Jean-Baptiste (1707-1772) devient procureur à la sénéchaussée du Puy et épouse Elisabeth de St Martin, son fils Jean Alexandre lui succède dans la fonction tandis que les autres enfants s'allient à diverses familles du Puy et des environs. La branche cadette a donc connu une promotion sociale assez remarquable loin des terres ancestrales et se dote même d'un blason (assez surchargé de symboles, cf. « Armorial du Velay » de Jourda de Vaux !). Le Rouvey reste toujours une terre des Faurie : un Jean Faurie, habitant à la Rouvey, ancien membre de la Garde nationale à St Bonnet-le-Froid, apporte son uniforme (incomplet) à la réquisition des autorités du district chargées d'équiper les fameux « soldats de l'An II » (avril 1793). Tout comme les Teyssier du Mas de Tence, les Faurie ont semble-t-il bien accepté la période révolutionnaire (au moins dans sa phase modérée).

 

La branche aînée, issue de Jean Faurie, est restée fidèle à la Faurie tout en rayonnant largement dans les environs (Villevocance) et en étendant ses possessions et alliances sur le bord nord-oriental du Velay (Dunières, St Bonnet-le-Froid, Ste Sigolène). De son mariage avec Polly Chaudier, Jean a eu 8 enfants dont Claude (1654-1703) qui épouse Florie Tardy en 1683 (elle décède en 1695 après avoir mis au monde neuf enfants). Des trois fils de Claude, tous prénommés Jean, l'un (né en 1695) devient chapelain au Mas de Tence de la toute nouvelle chapelle des Chave de Chazelet (fondée fin 1737, il est nommé en 1739 peut-être grâce à l'appui du curé de Tence Claude Faurie de la branche cadette), en 1743 il signe un accord avec le fermier du domaine de Jamillon qui assure l'entretien du chapelain, domaine acheté en 1791 par les Teyssier ! Son frère aîné (né en 1686) épouse Louise Bernard à St Bonnet et s'installe en partie près de Dunières, tandis que le troisième vit à St Bonnet-le-Froid.

Suit une série de Jean Claude, dont le troisième (né en 1755) s'installe au « Pont de Faurie » (Dunières) et épouse Claudine Peyrard. C'est lui le père de Julie, épouse de Jean Pierre Teyssier venue vivre à Marcoux en apportant les domaines de Besseas et de Pouyats près de Rouvey. Un des frères de Julie (Jean Claude) installé aux Granges, près d'Annonay, épouse Jeanne Fourboul et marie sa fille Séraphie au conseiller d'arrondissement et maire de Ste Sigolène, Jean A.Durieu (lui-même beau-père du député de la Loire F.Malastre) ; son autre fille (Eulalie) est l'amie intime de sa cousine Caroline Teyssier et fréquente Marcoux lors des vacances (ainsi qu'en témoigne la correspondance entre Eulalie Faurie et Caroline Teyssier de 1844 à1847). Un deuxième frère de Julie (Jean Baptiste Cyrille, marié en 1833) marie une de ses filles au maire de Dunières (J. Libeyre) et une autre au conseiller d'arrondissement et maire de St Régis-du-Coin (J.Chalaye), un de ses fils étant secrétaire de la mairie de Dunières, un deuxième (Urbain, 1847-1915) devient missionnaire au Japon en 1873 et botaniste de réputation mondiale (membre des instituts et académies botaniques de Londres, Berlin, Paris etc) et le troisième, Paul, rachète et hérite des biens de Jean-Pierre Adolphe Teyssier en 1905, devenant le nouveau maître de Marcoux.

Si avec le père Urbain on sort résolument du cadre régional, cela reste une exception rendue possible par le mouvement missionnaire qui a envoyé dans le vaste monde tant de cadets de familles paysannes aisées de la Loire et de la Haute-Loire, notamment au service des sociétés de mission lyonnaises. En revanche, les alliances contractées confortent plutôt l'image d'une bourgeoisie rurale solidement implantée économiquement et socialement et qui s'associe au pouvoir politique local à défaut de l'exercer elle-même directement.

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