Ceci n'est pas un fétiche :

Mossi

 

 

 

Statue d'ancêtre. MOSSI (Burkina Faso)

Bois

Patine sombre

h : 57,5 cm

Récoltée par Michel Mazoyer

Collection particulière

sculpture mossi 1

Selon la légende, au XIe siècle, la fille du souverain de l'empire du Yatenga, qui commande un corps d'armée s'éloigne (ou s'échappe) du camp et rencontre un chasseur qu'elle épouse. Le couple a un fils, Ouedraogo (litt. : étalon), qui soumet le pays compris le long des rives de la Volta Blanche, chasse ou absorbe les habitants et crée le premier royaume mossi de Tenkodogo. Parmi ces populations, se seraient trouvés des Dogon et des Kurumba sur lequel l'empire Mossi pese de toute sa force. Les Dogon émigrent, les Kurumba restent sur place où ils sont responsables des institutions concernant le sol. Une fraction de ce peuple, réputée pour ses forgerons, est employée par les Mossi pour fabriquer les armes dont ils ont besoin. Au XVe siècle, les Mossi se sont installés dans la partie centrale constituée par le bassin de la Volta blanche. Les descendants de Ouedraogo fondèrent le royaume de Fada N'Gurma et deux autres, les plus importants, celui du Yatenga et celui de Ouagadougou qui exerça une suprématie religieuse et politique sur les autres. À la fin du XIXe siècle, dix-sept royaumes coexistaient. Les Mossi du Yatenga sont mêlés à la destinée des empires du Mali et du Sonrhaï. En 1333, ils pillent Tombouctou, occupé par les troupes du Mali ; en 1477, ils envahissent la province du Bagana (vassale du Sonrhaï), pillent Oualata en 1480 et sont vaincus à Gao par Sonni Ali. Ils résistent plus tard victorieusement aux pachas marocains de Tombouctou. Le système politique des Mossi est centralisé, hiérarchisé avec, à sa tête, le Mogho Maba. Populations autochtones et envahisseurs se sont mariés entre eux, mais les chefs politiques ont toujours été choisis parmi les lignages des Nakomse, descendants des aristocrates cavaliers, islamisés au XVIe ; c'est parmi les "Tengabibisi", les hommes du commun, descendants des autochtones que l'on choisissait le chef religieux.

L'art des Mossi a une tendance vers un certain schématisme que l'on ne trouve pas chez leurs voisins. Dans cette statue le corps est géométrisé, le cou est très long.

 

 

Statue d'ancêtre. MOSSI (Burkina Faso)

Bois

Patine sombre

h : 40 cm

Propriété de Michel Mazoyer

sculpture mossi 2

Les deux millions deux cent mille Mossi représentent le tiers de la population de la Haute-Volta, nommée, en 1983, Burkina Faso ou "terre des hommes droits et honnêtes". Partant du nord, on rencontre une région de steppe sahélienne, désertique, ensuite une zone de savane arborée qui fait place tout à fait au sud à la forêt. La majorité de la population vit de l'agriculture et de l'élevage. Imposé par les Français au moment de l'occupation, le coton est cultivé sur de larges étendues.

L'aristocratie utilisait des statues bien qu'elle ait adopté l'islam dès le XVIe siècle. En majorité féminines, ces statues, liées au pouvoir des chefs, commémoraient les ancêtres et étaient conservées à l'intérieur de la case de l'épouse la plus âgée. Elles ne sortaient que pour les funérailles du souverain et lors du sacrifice annuel où étaient offertes les prémices de la récolte. Au temps des royaumes, un sculpteur travaillait exclusivement pour un ou deux chefs.

L'art des Mossi a une tendance vers un certain schématisme que l'on ne trouve pas chez leurs voisins. Sue cette statue, les seins sont tombants, les hanches larges. L'ancêtre représentée est donc une multipare.

 

 

Statue d'ancêtre. MOSSI (Burkina Faso)

Bois, patine sombre

h : 49 cm

Propriété de Michel Mazoyer

sculpture mossi 3

L'unité domestique des Mossi est le buudu ou clan. Plusieurs buudu forment un sakse ou quartier placé sous l'autorité soit du kasma ou doyen de lignage, soit d'un chef naaba, lui-même soumis directement ou indirectement au roi. Les habitations sont très dispersées. Dès le début du siècle, on notait que la famille était " décommunautarisée ", la coutume voulant que le fils aîné, sitôt après la circoncision, parte vivre indépendamment de son père. De même, la jeune épouse n'avait aucun statut jusqu'à la naissance de son premier enfant qui lui donnait le droit d'aller rendre visite à ses parents. Elle n'élevait pas ses enfants confiés aux épouses plus âgées. En revanche, au décès du père, le fils récupérait ses épouses et ses champs. Chaque maison possédait un segre, partie de l'ancêtre réincarné dans le chef de famille et à qui l'on devait des offrandes et des sacrifices.

L'art des Mossi a une tendance vers un certain schématisme. Cette sculpture est très stylisée . La coiffure remarquable ressemble à celle de certaines biiga ("poupée" Mossi). Les seins sont scarifiés.

 

 

Biiga MOSSI (Burkina Faso)

Bois, cuir, cordelette de cuir, "charge"

Patine sombre

h : 29 cm

Propriété de Michel Mazoyer

sculpture mossi 4

Les forgerons sculptaient des statues appelées biiga, souvent gainées de cuir et ornées de cauris et de perles. Lallemand critique la traduction de biiga par "poupée" ; le terme est impropre car s'il s'applique bien aux poupées de maïs, d'os de pied de bœuf, de bois ou de carton que les petites filles entourent de chiffons, il ne convient pas aux statues de bois dont la fonction dépasse largement l'espace du jeu. Comme jouet éducatif, la biiga était habillée, lavée, portée sur le dos ou placée sur le sol sous les yeux de la mère. Mais lorsqu'il lui arrivait d'être endommagée, il fallait consulter le devin. Tantôt elle n'était que le symbole de la réalité, tantôt elle se substituait à l'enfant à venir pour le précéder dans le temps. Les petites filles déposent parfois des poupées de glaise sur l'autel des ancêtres, exprimant ainsi le désir de progéniture et remerciant par avance les défunts qui les exauceront. La biiga a un symbolisme complexe, à première vue contradictoire : pour la petite fille, elle est à la fois la puissance qui lui fera obtenir un enfant et le bébé qu'elle apprend à soigner. La biiga passe de mère en fille ou de sœur à sœur.

 

Le style des biiga varie selon les régions et l'objet ne provient pas nécessairement du village où il a été ramassé puisque la jeune mariée l'emporte avec elle. Toutes ont une base cylindrique légèrement plus large que le corps. Les bras et les jambes sont absents mais les seins pendants, symbole de maternité, sont accentués. La forme de la tête est stylisée, des lignes représentent la masse de la chevelure, des scarifications caractéristent le visage et sont très proches de celles que l'on trouve dans la réalité. A la base, on trouve un petit trou pour l'anus et parfois une indication du sexe