Texte de l'inventaire après décès
réalisé en juillet 1639 à Marcoux
« Inventaire des biens ayant appartenu à feu noble sieur du Cros Etienne de la Franchière, habitant au lieu de Mercoux, fait par nous Pierre Bollon lieutenant du mandement et juridiction de Montregard sur la réquisition faite par le procureur d'office. Ce neuvième jour du mois de juillet mil six cent trente neuf s'est présenté Me André Bollon procureur d'office es juridiction de Montregard et Marnas, lequel nous a exposé être venu à sa notice le décès dudit feu noble Etienne de la Franchière à Saint Etienne de Furan en Fourets le septième jour du présent mois de juillet, laisse continuant un fils non baptisé âgé de quatre mois et demi. Ainsi, et afin que ses biens soient conservés pour le profit et l'utilité de celui-ci, attendu qu'il n'apparaît aucune disposition, il a requis de nous transporter au lieu de Mercoux où il faisait sa demeure pour procéder à la confection de l'inventaire de ses biens, ce qui lui a été octroyé. Où étant arrivé l'avons dressé sur parole de la Damoiselle Louise de Romezin sa veuve, à laquelle avons déclaré que, tant pour le devoir de notre charge que pour la conservation des biens du pupille, nous nous étions transporté audit lieu pour procéder à l'inventaire des biens de son dit feu mari et, à ces fins, lui avons enjoint de nous faire ouverture des chambres, coffres et autres endroits de la maison où les biens reposent pour inventaire, après lui avoir fait prêter le serment la main levée en haut suivant la forme de ceux de la religion prétendue réformée, ce qu'elle a offert de faire à l'instant.
Sommes entrés dans une chambre basse appellée la cuisine, dans laquelle y avons trouvé à l'entrée de celle-ci et du côté de la main gauche une garde-robe ou cabinet en bois de pin tout neuf à membrures, avec une grande porte à barres et serrure dans laquelle ne s'y est rien trouvé que quelques pièces de pain. Puis ont été trouvés :
-une table ronde en noyer avec six pilliers et marchepieds
-deux crémaillères en fer
-un chaudron en fer pesant 28 livres
-deux landiers [chenêts] avec leurs crochets et tenant pesant 52 livres
-un grand pot à feu contenant vingt "bouteilles"
-un autre moyen en tenant 10
-un autre petit pot en tenant 4 en laiton
-un seau à eau de cuivre rouge ainsi qu'une bassine pesant le tout 15 livres
-deux chandelliers en laiton pesant 4 livres et demie
-une broche de fer
-un mortier à piler le sel, en fonte pesant 5 livres et demie
-une autre broche de fer
-une cuvelle de laiton grande une en fer et une assez neuve aussi en laiton
-une autre cuvelle de fer
-une casse de cuivre tenant 2 "bouteilles"
-une cruche en fer de peu de valeur pesant 1 livre
-deux casses noires à demi usées
-sept plats d'étain pesant 24 livres
-huit assiettes aussi en étain pesant 20 livres
-un pot d'étain tenant 4 feuillettes sans couvercle
-un réchaud [chauffe-pieds]de laiton tout neuf
-un autre réchaud en fer
-une poêle en fer pesant 10 livres
-un chauffe-lit de cuivre
-un gril de fer pesant 2 livres
-deux cuvelles de fer pesant 15 livres
-un châlit de bois de noyer garni d'une paillasse toilée, d'un matelas en laine, deux linceuls [draps] à demi usés un couvre-pieds en laine avec une garniture de gaze fin joli
-deux gouges à fendre le bois en fer pesant 10 livres
-une petite pertuisane avec son bois.
Puis après celui-ci avons été dans le coin qui est celui de la cheminée dudit étage et sur le bout droit de laquelle y avons trouvé :
-deux tonneaux vides tenant 6 "barraux" chacun à demi usé
-un autre tonneau plein de vin contenant 6 "barraux".
Puis jouxtant de la cuisine il y a une autre chambre dans laquelle été trouvé :
-un châlit de bois de noyer appartenant à noble Gaspard de Lermuzière dans lequel châlit ne s'y est rien trouvé en dehors d'une paire de couvertures en tapisserie ainsi qu'un rideau le tout en cadis [serge de laine] rouge de peu de valeur
-une pesette [balance] de cuivre pesant 10 livres avec son tenant
-une maie à pétrir le pain toute neuve
-une étamine [tamis] en bois
-un autre réchaud pesant 8 livres
Puis après avons été requis d'aller au second étage appellé la salle commune, trouvée fermée avec un cadenas avec sa clef. A l'entrée de laquelle du côté droit y avons trouvé :
-un buffet vieux et une table le tout en bois de noyer que ladite Damoiselle de Romezin a dit appartenir audit sieur de Lhermuzières
Il y a audit étage une cheminée de pierre de taille au bout droit de laquelle y été trouvé
-une garde-robe de bois de pin toute neuve avec 6 barres et serrure, à membrures, dans laquelle s'y est rien trouvé
-une autre garde-robe avec 4 portes aussi en bois de pin neuve, aussi à membrures et avec 6 barres et serrure, au plus haut étage de laquelle été trouvé :
-un manteau d'écarlate doublé en partie en peau
-un pourpoint de couleur ternie, doublé en taffetas de même couleur à demi usé
-une paire de chausses et bas et chaussettes aussi demi usés
avons été ouvrir les autres deux portes basses de ladite garde-robe en l'une desquelles été trouvé :
-un bassin d'étain pesant 5 livres
-une aiguière aussi en étain pesant 2 livres
-une salière aussi en étain pesant 5 cartes
-sept plats et une assiette aussi en étain pesant 25 livres
-un plateau de laiton pesant 12 livres
-un coquemar [bouilloire] en cuivre pesant 2 livres
-deux coupe-liens de fer pour chevaux pesant 4 livres
-une casaque [manteau] de drap en "tournon" gris doublée en cadis couleur gris et noir
A été trouvé audit étage :
-un châlit de bois de noyer dans lequel il y a une paillasse toilée neuve, une couverture et un chevet [traversin] en plume, deux linceuls à demi usés, deux couvre-pieds en laine, l'un de couleur vive et l'autre clair, ledit lit est garni de quatre (?) en cadis vive, la couverture est garnie de deux passements frangés et crépine le tout en "filet" vif et fleuri
-un autre coffre neuf dans lequel ne s'y est rien trouvé
A été faite l'ouverture d'un "granier" [grand coffre pour les céréales] en bois de sapin où il y a une eicorela [une des deux planches coulissantes fermant le granier] en une moitié de laquelle été trouvé une carte à mesurer les "bleds" et en l'autre eicorela a été trouvé :
-5 arquebuses à rouet, un pistolet et une dague à coutiller
-un mousquet
-un canon de mousquet
-une "brasse" [brassard] neuve
-une arbalette neuve en fer avec 6 "montoires"
-une cuirasse de fer avec son "pot de garde-bannière"
-une tasse d'étain
-un sétier de "bled" à la mesure de Montregard
A été trouvé en ladite salle :
-6 escabelles et une chaire [chaise] neuve le tout en bois de noyer
-trois cartières de lard pesant 60 livres
-en un coin de ladite salle été trouvé trois linceuls
-une valise de cuir noir
Sommes entrés dans la tour qui est au coin de la salle dans laquelle avons trouvé deux tonneaux vides contenant chacun 6 "barraux", a été trouvé en ladite tour un coffre de bois de noyer que ladite Damoiselle a dit appartenir audit sieur de Lermuzières dans lequel y avons trouvé les titres et documents suivants
[le reste du 9 juillet et les 12, 13, 14 et 15 juillet sont consacrés à l'inventaire de plus de 200 documents datés de 1570 à 1639]
Du samedi seizième jour dudit mois de juillet année mil six cent trente neuf.
De ladite salle sommes montés au troisième et dernier étage appellé le "gallatar", où étant et à l'entrée de celui-ci du côté de la main gauche, avons trouvé un autre granier en bois de sapin tenant cinquante sétiers de "bleds" de la mesure de Montregard, aussi avec barres et serrure, dans lequel y avons trouvé treize setiers de seigle de la mesure dudit Montregard.
Puis nous sommes transportés en la grange neuve, composée d'étable et grange, dans laquelle n'y avons trouvé aucun meubles ni bétail foin ni paille appartenant audit feu sieur de la Franchière, comme aussi sommes entrés dans l'écurie où ledit sieur de la Franchière avait accoutumé à tenir ses chevaux dans laquelle y avons trouvé deux chevaux long poil alezan et l'autre gris pomellé, lesquels deux chevaux avons laissé aux pouvoir de ladite Damoiselle Louyse de Romezin veuve dudit sieur feu de la Franchière. N'avons trouvé aux autres étages aucun autre bétail qui appartienne audit sieur de la Franchière. Sommes montés au grenier qui est au dessus de l'écurie dans lequel n'y avons rien trouvé, comme aussi dans la grange où le grangier habite ne s'y est trouvé aucun meuble qui appartienne audit feu sieur de la Franchière. »